I wanna do bad things with you
JE PARS AUX ETATS-UNIS.
Pour un an.
C'est là-bas que j'aurai vingt ans.
J'en attends beaucoup, je sais qu'il ne faut pas trop en attendre.
La vie est folle, un peu.
A bientôt
JE PARS AUX ETATS-UNIS.
Pour un an.
C'est là-bas que j'aurai vingt ans.
J'en attends beaucoup, je sais qu'il ne faut pas trop en attendre.
La vie est folle, un peu.
A bientôt
Peut-être est-ce un déclic qu'il faut.
Le genre de déclic qui fait dire "la vie est courte", "bouge-toi", "ose" et "fais quelque chose de ta vie".
Peut être que le talent n'est rien après tout, peut être que le talent c'est simplement l'envie. Dans quelques mois sûrement il y aura un trop plein, un ras-le-bol d'attendre, toujours attendre qu'il se passe quelque chose ; attendre de devenir quelqu'un sans rien faire pour. "Dans quelques mois" : vous voyez, j'attends toujours cette échéance magique que je repousse sans cesse, et qui n'arrivera pas seule. Le jour sauveur où je me prendrai en main.
Je suis coincée, bloquée, inactive, morte. J'attends. J'attends simplement et ça n'est plus possible.
Et puis je manque d'amour aussi, bordel, je n'aime personne, je veux dire Vraiment ; c'est-à-dire qu'il me manque les Vrais amis, ceux qui soient à moi et pas aux autres. Il y a bien sûr des gens à qui je tiens, mais toujours quelque chose qui manque. Et je suis jalouse, tu sais j'étais là avant et pourtant ça n'est pas moi que tu aimes le plus. Et de plus en plus je m'isole, tu m'isoles, vous m'isolez. Et vous ne voyez pas cette petite détresse, la mienne, ou alors vous ne la comprenez pas, ne la prenez pas au sérieux. Parce que vois-tu, F., tu t'attaches au paraître plus qu'à l'être ; et ça je ne l'avais pas vu, avant.
Et puis cette lâcheté. Quitte à être seule, autant l'être complètement ; mais non, je ne supporte pas, j'aime me bercer d'illusions. Lâche lâche lâche, je suis quelqu'un de lâche. Et incapable de faire quoique ce soit. Certains tireraient quelque chose de cette situation. Pas moi.
N'allez pas croire que je suis malheureuse, ou dépressive, non. Je suis juste affligée, oui c'est cela, je m'afflige. C'est à croire que j'aime être une personne affligeante, que je me complais dans cette situation. Et puis personne ne peut comprendre, c'est vrai, je n'ai rien d'affligeant, j'ai ce que je veux et ce que beaucoup veulent non? Une jolie ville, un joli studio, des amis de temps en temps, de belles études, peut être même un brillant avenir. J'aimerais tomber amoureuse.
Mais cette fois pas de dépendance, cette fois un amour raisonnable. Oxymore, me direz-vous. Je veux juste dire un amour où j'existe en dehors de cet amour. Maintenant je suis plus mûre, j'ai besoin de m'avoir. C'est affreux de Vouloir tomber amoureux. Peut-être que c'est cela, la fameuse échéance. Mais il ne faut pas, maintenant je Suis, tout du moins j'essaie d'être, par moi-même.
Bon, j'ai des partielles à réviser. Juste :
Goodnight, my love you seemed so nice 'til I knew you better
Now I can tell you're always thinking twice about what might be better
On the outside, there's no conscience, you're a victim of your cautiousness
You don't try, you just lie there hoping that someone will come and make it right.
(The Dodos, Winter)
La fille à qui il parle, c'est moi. Au moins, je connais mon problème, et ça ne pourrait être mieux dit.
A bientôt.
Maintenant les choses sont plus claires.
Tout d'abord je suis à Paris.
Malheureusement, je n'ai pas eu le courage de faire ce que j'avais véritablement envie de faire. Je devrais être à Nantes, peut-être, je ne sais pas.
Mais Paris est si belle, surtout le luxembourg, les premiers dimanches d'hiver. Les enfants qui jouent aux voiliers sur le bassin, la brume, le gris, les cris, les années 50, Doisneau peut être.
J'aime même les pierres hautaines de Saint Germain, tous les matins tous les soirs. J'aime la simplicité, la fougue, les Lumières de Bastille. Je ne suis pas encore passée par Montmartre. J'aime la ligne 6, celle par la fenêtre de laquelle tout d'un coup apparaît la tour Eiffel. J'aime ce monde, les gens qui ne posent pas de questions, les balades solitaires, j'aime la nuit parisienne, je m'accoutume presque à la solitude car Paris me tient compagnie. Enfin... certains soirs plus que d'autres.
Maintenant les choses sont plus claires, je disais. F. est à présent une vieille histoire qui reste indispensable à mon imaginaire. F souffre et je n'ai même plus envie de penser "chacun son tour". Parfois je me sens très seule, je veux dire profondément seule ; d'autres jours ça va mieux. Mais c'est vrai au fond, quand il n'y a pas d'amour, de fusion j'entends, nous sommes tous seuls. Il est facile de dire "je comprends" ou "je te comprends", mais comprend-t-on? Il est facile de dire je suis là, mais peut-on être plus près que juste à côté? Peut-on dépasser la juxtaposition, la superposition? Comment tomber amoureux sans se faire mal?
Comment surtout passer outre ce qui nous manque le plus? J'ai beaucoup de choses bien sûr, j'ai de la chance ; je ne suis pas idiote, je réussis presque tout, je suis des études que beaucoup m'envient, je suis à Paris et c'est ce que je voulais, plus tard j'arriverai sûrement à faire un métier qui me plait un minimum et je serai bien payée. Comme on nous le répète là bas, "vous êtes la future élite de la nation". Mais le talent s'invente-t-il? Putain, j'ai beaucoup de choses mais il me manque ce qui m'est le plus cher. Le talent, l'envie, le courage. Le talent surtout, puisque le reste en dérive. J'aurais tellement aimé être talentueuse, et ce manque évident de facilité me plombe, m'attache au sol, me décourage. Je sais chanter mais je veux écrire et composer moi, quelque chose de neuf, de nouveau, d'inédit, sans se perdre en synonymes. Je ne sais pas faire.
Cultivé - et encore - mais pas créatif, c'est peut être la pire des solutions. Voilà pourquoi quand j'y pense, je me sens vide. Je me sens lâche. Mais il faut le talent pour avoir le courage.
Et puis je ressens trop peu. Sauf ce dimanche, au jardin du Luxembourg. Pas - plus - de nostalgie de l'état de Grâce, celui d'il y a déjà quelques années. L'apaisement, la simplicité.
J'ai hâte de ne plus vivre dans l'attente. Dans l'attente que quelque chose arrive, dans l'attente du nouvel amour, du bonheur, de l'accomplissement, de la coïncidence de ce que je suis avec ce que je voudrai être. Attente permanente depuis plus d'un an à présent. Une vraie raison de se lever, vous comprenez, une autre que Paris, une raison endogène.
A bientôt.
Juan-les-Pins, la plage, ma guitare, Cosette, le soir qui tombe. Un groupe d'espagnols, de beaux espagnols, beaux et bruyants, de cette langue qui roule coule et chante même. Des bouteilles pleins les mains, il suffit de jouer un peu plus fort pour qu'ils viennent nous rejoindre. Présentations : d'abord Miguel, puis Luis, Santi, Luis encore, Jaime, Javier... D'autres noms, je ne me souviens plus. De dondé estais? De Madrid, y algunos de Sevilla. Vosotros? De Dijon. Aaaah, la moutarrrde!
C'est Santi qui prend la guitare, il joue du flamenco, je le remarque à peine, il chante - non, ils chantent, tous en coeur, ils font du bruit, beaucoup, c'est joli, je les regarde - ils sont beaux. Claire part avec Miguel, Cathy avec Luis, je reste avec Julien, et puis les espagnols s'en vont aussi vite qu'ils sont arrivés. Dondé vais? Vamos al "Village", 20€ para entrar. Nous n'allons pas avec eux. Ils sont partis, nous sommes seuls, Julien rit, dépité, un peu. On attends un peu avant de rentrer, que Claire et Cathy quittent leurs espagnols respectifs et reviennent. Ce fut une jolie heure en leur compagnie, bercée par les langues qui se mélangent, qui s'entremêlent - français, espagnol, anglais.
Gonzalo arrive. Seul. Como te llamas? Gonzalo. J'ai compris Juan-Falo. J'ai trop bu, je me moque. Eres homosexual, Juan-Falo? Huum, you will discover, you will discover - il est pédé. Mi amigo Julian es homosexual tambien. Quien kiss you first? Me or Julian? Il ne veut pas répondre. Je l'embrasse, Julien l'embrasse. Tous à la mer. Je mets mon maillot, l'alcool monte, je ris, je cours à l'eau, moi si frileuse d'habitude, je cours, je cours, je cours. Julien et Juan-Falo ont froid. Quelles fiottes.
Cathy arrive avec Luis. Je fais une gaffe, parle d'homosexualité, Juan-Falo est gêné, Luis l'embête, je l'embrasse pour tenter de tout réparer mais j'ai un peu honte. Nous retrouvons Claire - et Miguel. Juan-Falo nous raccompagne. Nos vamos mañana, en la playa tambien.
Claire et Cathy ont baisé. Je suis un peu triste, j'aurais bien voulu les bras chauds d'un espagnol.
Estamos mañana. La journée passe vite. Julien a reçu un texto "Julian. C'est Gonzalo. Pardon pour mon attitude de cette nuit. Mes amis ne comprennent pas ma situation. Si tu voulais, on pourrait nous voir, demain. A bientôt. Gonzalo". On rit quand Julien le dit avec l'accent. On rit d'avoir compris "Juan-Falo". Le soir arrive.
Sur la plage les espagnols ne nous disent presque pas Bonsoir, pas un buenas noches, rien. On sort la guitare, on joue fort. Toujours rien. On prend des photos, avec le flash, on crie. Pathétisme de filles en parade désespérée. Ils finissent par comprendre, ou je ne sais pas. Julien était fatigué, il est parti. Claire retrouve vite Miguel. Luis a fui, cathy est seule. On joue quelques chansons, il y a du vent et beaucoup trop d'alcool. J'essaie d'attirer l'attention de Rafael, number one. Je déchante vite, Miguel me dit que tiene una novia y es fiel. Tant pis, qué lastima.
Je ne sais plus vraiment comment j'en suis arrivé à Santi. Il était trop grand, un peu banal, un peu gauche dans ses habits. Si, j'ai du crier ma date de naissance - l'alcool... - et il s'est retourné. Veinticuatro de noviembre? Qué año? mil novecientos noventa. Exactamente como yo. No te creo. Show you ID. Amazing! We were born the same day! Il a un joli sourire et Santi, ça veut dire Santiago. Il vient de Séville. Je ne sais même plus si nous avons discuté.
Nous décidons de raccompagner Cathy, de poser la guitare, d'aller au "Village" avec eux, 20€ l'entrée, tant pis, pour une fois. Santi vient, je crois que c'est Miguel qui lui a dit. Il m'explique qu'il a una novia, Maria, qu'il est fidèle. Dans le même temps, il passe son bras autour de mon cou. Il est grand, très grand, un peu gauche dans son grand corps, mais il est doux, il sent bon, il a une jolie voix et un joli sourire, et il joue du flamenco.
Nous arrivons. Tout va très vite, je suis complètement, mais complètement bourrée (ce mot est laid). Je l'amène sur mon lit, sans réfléchir une seconde, il m'allonge, on s'embrasse, il commence à me déshabiller. Et là Claire arrive, avec Miguel. Le lit d'à côté. Je suis trop pleine pour réagir. Je ne les entends pas. Le corps de Santi, le grand corps de Santi, son odeur. Il refuse presque de m'embrasser. Nous voilà nus, il est assis, je prends son sexe, je le caresse, je l'embrasse. Il répète un mot, comme "guirron", je ne sais plus, un mot en "on", à deux syllabes. Je comprends préservatif. J'en sors un, j'espère qu'il n'a pas vu le "GAY ECO" écrit dessus - forcément, à force de traîner dans les boîtes gays de Dijon... Il y a un problème avec, je ne comprends pas, il en demande un autre, je demande à Claire, elle sort de la bouche de Miguel pour m'en donner un. Je ne suis même pas en état de comprendre que deux autres personnes sont en train de baiser juste à côté. Santi le met. Il se masturbe un peu. Je ne sais pas comment dire après : il me prend, il entre en moi, il me pénètre. Peut importe, personne ne lit ici. Je n'ai même pas mal, c'est agréable. Il ne veut pas m'embrasser. Il prend mon cou avec ses lèvres, y laisse une trace. Je ne sais pas s'il jouit. Pas moi en tout cas. Il s'allonge sur moi, me caresse, me dit qu'il a déjà baisé une fille il y a une heure, sur la plage. Je suis tellement bourrée, je demande Estoy mejor? Il répond oui. Jamais je n'aurais osé poser cette question. Il se lève brusquement, demande la salle de bain. Je l'accompagne, nue. Puis je me rhabille. Je vais dans le salon. Miguel fume du shit, Claire le regarde, Julien et Cathy sont là mais je ne sais plus ce qu'ils font, je m'assois contre Santi qui joue de la guitare. Je le prends en photo. Je veux essayer ses chaussures. Je tombe. Ils se moquent - lui et Miguel. J'entends "caer". Je confonds d'abord avec callar, je demande "you want me to shut up". Il dit non. Il répète. Je me souviens avoir dit "ah oui. caer". Je m'effondre, je me relève. Il doivent partir. Je cours dans le lit. Claire les raccompagne pour les faire sortir de la résidence. Je dors. Je me relève. Je vais dans les toilettes pour vomir. Je ne vomis pas. Je m'y endors.
Le lendemain. Julien ne m'adresse pas la parole. Personne ne me parle de Santi. J'apprendrais le soir que Julien a été choqué. Tout d'abord, parce que j'ai couché avec Santi à côté de Claire qui baisait aussi. Je lui dis que je ne m'en rendais pas compte. Il s'en fout. Ensuite, parce que, paraît-il, je me suis balladée nue dans l'appartement. Je ne me souviens pas. J'ai un peu honte. Enfin, parce que la fenêtre était ouverte, et que du balcon, ils m'ont entendu crier. Fort, paraît-il. J'ai honte. Mais je ne regrette pas.
C'était la première fois - avec un garçon. Je n'ai pas eu mal, je n'ai pas jouit, mais j'ai encore l'odeur, sa voix, son goût, son sourire et ça photo. Je trouve ça joli une première fois avec un espagnol qui joue du flamenco.
Mais c'était à côté de Claire, elle a tout regardé, elle m'a même dit qu'elle ne le trouvait pas bien monté. Cette fille est immonde. Je regrette d'avoir trop bu.
Mais Santi, joueur de flamenco, au grand corps gauche et au joli sourire, né le même jour que mois, ça me plaît. Beaucoup. Tant pis pour le reste, tant pis s'il ne souriait pas sur la photo.
Julien a appelé F. Pour lui dire. Il n'a pas osé tout dire. Jusque que j'étais avec un espagnol. Je le hais, il n'avait pas à lui dire. C'était à moi de lui dire. C'était important pour moi d'oser lui dire, une sorte d'acte d'indépendance. Pas de l'avoir fait ; de lui dire. Il m'a volé cette occasion. Je lui en veux. Je lui ai dit, il s'en fout. Parfaitement. Je ne comprends pas qu'il ait pu sans le moindre scrupule se mettre au milieu de quelque chose qui ne concerne que F. et moi, et encore, parce que je l'ai choisi. C'est très laid de sa part.
Le lendemain, les espagnols étaient partis à Milan (puis en Grèce, puis en Espagne à nouveau). Ce furent des Lillois. Cette fois, il n'y avait que moi. Il s'appellait Adam, il aimait bien comme je chante, beaucoup même je crois, il était beau dans le noir, moins le matin quand le soleil s'est levé sur la plage. J'avais bu aussi mais je me souviens mieux. C'était sa première fois. Moi la deuxième.
Personne ne lira ceci et tant mieux, c'est mal écrit et désordonné mais c'est pour me souvenir, pour remettre de l'ordre, pour comprendre pourquoi j'ai le sentiment que la dernière fois de ma vie que rien ne serait plus pareil avec Julien. Tant pis.
Si tu passes ici, j'ai un peu honte, alors je le dis lâchement, ici.
Du temps du soupçon j'ai gardé le mot de passe de ta boîte mail, celui de ton répondeur téléphonique.
C'est ainsi que j'ai vu, lu, entendu votre amour, c'est ainsi que le nôtre s'est terminé.
C'est ainsi qu'aujourd'hui, car la plaie ne doit pas être encore entièrement pansée, je vois que votre fin se profile. Quelques mois encore, tu le sais bien. C'est ainsi qu'aujourd'hui je vois ce que tu n'as jamais osé me dire, ce que tu n'oseras jamais puisque tu es la personne la plus lâche que j'ai connue : "je fais l'amour avec elle, je l'embrasse, je la désire, j'en suis amoureuse".
Peut être que ces mots de ta bouche m'auraient fait perdre ces fameux mots de passe. Enfin, je n'espère plus.
La seule interrogation qui reste, qui restera, c'est "ai-je touché ton corps ai-je désiré ton corps ai-je étreint et mordu tes lèvres alors que déjà tu la touchais, elle te touchait, peut importe, alors que déjà tu lui faisais l'amour?"
La seule chose qui reste. Je m'en veux de garder de toi le reste d'une égratinure, non, j'en veux à cette égratinure de n'être pas encore tout à fait indolore.
Aujourd'hui fait partie de ces jours où je me dis "postons quelque chose sur ce blog".
Le mystère reste entier : les derniers articles furent-ils en fin, furent-ils lus? J'aime bien ne pas savoir. En vain, en tout cas, non.
J'écoute les Concretes. Le concert était génial. Le notre, je veux dire. J'écoute Arcade Fire aussi. Je suis tellement transcendée par la musique que je ressens le besoin de le crier à la face de la terre. Mon Dieu, je sens une pointe de mauvaise foi dans ce que je viens de dire, les anciens tics reviennent. Il est si difficile d'être transparent à soi, comment être transparent aux autres? Et pourquoi même vouloir l'être? Est-ce que je voudrais l'être? Est-ce qu'il faut l'être?
Maintenant ce sont les Kills. J'aimerais bien être une Kills. Et savoir écrire, ou avoir quelque chose sur quoi écrire. Des chansons. On dit qu'il est plus facile d'écrire des chansons dans la malheur. Je ne suis pas dans le malheur, mais pourtant c'est faux. Il m'était plus facile d'écrire quand j'étais amoureuse. J'écrivais "je t'aime" et tout se déclinait. Je pouvais même faire semblant, écrire "je ne t'aime plus", écrire "aime moi encore". Est-ce que je savais écrire ou étaient-ce les certitudes? Il n'y a rien de plus beau ni de plus triste à la fois que d'être amoureux.
F. s'est excusée, pour la première fois. Je crois que ce n'était rien d'autre qu'une comédie, comme celle que je joue tous les jours, ici en particulier. Peut importe, c'était important. F., si tu m'entends...
Toujours les Kills. J'aimerais savoir faire de la musique simpliste mais belle. Il n'y a rien de plus snob que de faire de la bonne musique avec trois pauvres accords. J'adore. Je voudrais faire du sale, du rugueux, du bruyant, du fougueux, du cynique, de la sueur, du rock'n'roll. Peu importent les mots et la poésie. L'énergie, l'énergie, l'énergie. Je voudrais avoir un talent. Et, je vous l'assure, cette phrase est tout ce qu'il y a de plus transparent.
Ça y est, les mots ne coulent plus. Arrêtons là.
A bientôt
J'écoute New Order et me revoilà.
Je ne pense jamais à cet endroit. Je suis simplement tombée ici en cherchant un moyen d'échapper à ma dissertation de philosophie. La nécessité de produire s'oppose-t-elle au désir de créer?
J'entends le micro onde, je fais réchauffer un plat tout fait, je sais pas faire la cuisine. Il est un peu tard pour manger, peut être, tant pis, je me suis levée tard, j'ai apporté les croissants, le jus d'orange et les Weetos. Idriss, plus tard, écrira. C'est une étrange image, Idriss qui écrit. Et puis je ne le connais même pas.
Hier soir - hier nuit plutôt - je suis entrée dans un lycée désaffecté. Il y avait des poupons qui traînaient dans chaque pièce. C'est fou comme les gens changent.
Mercredi prochain, je fais un concert. Oui, maintenant, c'est moi qui les fait. Coller sa bouche au micro et suer derrière sa guitare. Risible.
(plus tard) Il fait beau aujourd'hui. Ça me donne juste envie de partir. Partir, partir, partir et vivre. Quoi de plus joli que l'envie de vivre? Je suis sur la bonne voie. J'écoute New Order, peut être que je l'ai déjà dit. Je suis addict à myspace. Risible?
Je pense à Julien et Idriss, un peu à Félicie parfois. Julien et Idriss, ça a un côté ingénu et très joli. Félicie, c'est plus difficile - et puis non, même pas, je le dis juste parce qu'on croirait que c'est difficile. Je suis sans coeur, ou alors c'est juste les romans, les films et les chansons qui disent n'importe quoi.
" Ya no se canta como se cantaba ayer. Ya no se canta sin tu amor me moriré ".
C'est faux, tout ça. Le plus dur n'est pas de se relever mais de lâcher prise. Le plus dur, c'est de se dire "c'est fini." Une fois que le mot fin est prononcé, le chemin est très court. Mais je crois que j'ai déjà dit ça. J'ai une fâcheuse tendance à me répéter et à prendre le risque de paraître hantée, dépressive et torturée ; ce n'est pas du tout le cas. Je suis juste enfermée dans une sorte de cynisme permanent dès qu'il est question de ça.
En ai-je assez écrit? C'est drôle à écrire, mais j'ai à faire.
A bientôt.
Waw.
Retomber sur ces pages, c'est une expérience plutôt étrange. Je les avais oubliées. Vendues pour essayer de sauver l'amour, puis oubliées.
Ils sont étranges tous ces mots, qui se cherchent, qui s'élaborent, ils n'ont rien de naturel, il témoignent de ce que je voulais être et paraître. Ils sont puérils, tellement puérils. Bien sûr ils ont quelque chose de charmant. Je ne déplore pas. Je ne suis plus capable d'écrire comme ça, je veux dire de me forcer à écrire. Tout cela c'était il y a un ou deux ans. Maintenant l'amour es mort et ce... besoin de Paraître y était intimement attaché. On passe tous par là, n'est-ce pas? Je n'ai jamais aimé écrire. Jamais vraiment. J'aime juste avoir les yeux sur moi.
Je ne sais pas s'il faudrait que je recommence. Peut-être serait-ce un moyen pour moi de créer, peut importe quoi, je ne sais plus créer. J'ai beau poser un regard sceptique voir moqueur sur ce que j'ai pu faire à 15 ans, toujours est-il qu'à 15 ans je créais.
Quand l'amour est mort c'était moins dur que ce que j'avais imaginé. C'était plutôt un soulagement. Le plus grand malheur reste celui de s'accrocher à tout prix, je le sais à présent. Maintenant ça va, enfin je ne sais pas trop, je ne pleure jamais, sauf ce matin parce que j'ai raté un concert de Radiohead à la télé, d'ailleurs ces larmes m'ont surprises. Je ris, je souris, j'évite de trop penser ou de trop réfléchir. Sinon j'ai l'impression de ne rien faire, de laisser passer ma jeunesse. Alors je ne pense pas. Je ne suis pas malheureuse, vraiment, et je le dis haut et fort, je suis plutôt... blasée? Ce n'est pas tout à fait le mot. Je me lève sans trop savoir pourquoi, voilà tout. Mais ceci n'a rien d'un état dépressif.
Je n'ai plus hâte que d'une seule chose : partir. En fin d'année j'ai mon bac et je vais tout faire pour partir. Je ne veux plus connaître les mêmes rues, les mêmes visages, les mêmes bâtiments, les mêmes voix. Je veux une vie neuve.
Je reviendrai sûrement.
A bientôt.
Alors voilà, c'est terminé. Au moins cela ne dépérira plus, peut-être qu'un jour je reviendrai.
Il m'est impossible d'écrire ici en ayant la conscience d'être lue par quelqu'un que je connais, même si cette lecture était volontaire de ma part.
Alors au revoir, ici c'est fini, tant pis, tant mieux je n'en sais rien - encore.
F. je t'Aime, envers et contre tout.
Au revoir.
Je suis depuis quelques semaines, quelques mois - peut-être même plus... Je suis en panne. En panne de beaucoup de choses.
Je voudrais créer mais il m'est impossible de savoir quoi.
Je voudrais créer mais il m'est difficile de m'extirper du médiocre.
Je veux créer. Elle est bien jolie cette phrase. Mais suffit-il de vouloir pour pouvoir? Suffit-il de s'attacher à ce que l'on voit? L'émotion ne naît-elle que du Beau? Je veux dire, du beau plastique, du beau évident. Faut-il chercher à créer le beau sous-jacent, celui qui émeut sans qu'on puisse l'identifier?
Peut-être suis-je trop dans cela.
Peut-être même que la création demande du travail, de la réflexion, peut-être que même les génies planchent sur une feuille blanche plus de dix minutes. Peut-être qu'il faut la patience, peut-être qu'il ne suffit pas de courir après les idées, peut-être faut-il se faire à l'idée de difficulté.
Enfin.
Je voudrais trouver une manière de mêler l'esprit et le corps. L'émotion et le corps. Non, pas de la danse, je ne sais pas. Je veux mêler des choses qu'il paraît impossible de mêler. Au prime abord. Depuis petite j'ai un rapport particulier avec la musique. Un rapport arithmétique, aussi bizarre que cela puisse me paraître. Sur un rapport de 5, comme les doigts de la main. Quand je m'ennuie écoutant de la musique, je cherche un rapport entre la musique, la phrase musicale et une partie de mon corps, principalement la main ; ou encore avec le décor, les bandes blanches sur l'autoroute, le nombre d'arbres ou le nombre de voitures... Enfin. Je suis peut-être, sûrement totalement inintéressante, mais j'ai besoin de formuler ce dont je viens de prendre conscience, même avec maladresse. Je suis sûre qu'un jour c'est sûr des détails anodins comme ceux-ci que je serai capable de bâtir quelque chose. Beau à l'extérieur, beau à l'intérieur. La beauté, est-ce que c'est l'harmonie ou le désordre complet? Est-ce que c'est l'équilibre entre les deux.
Ce dont je suis sûr c'est qu'il faut pouvoir se fondre dans l'art. Y trouver... S'y trouver. Il faut que chacun puisse se voir, s'entendre, se toucher, il faut savoir troubler les gens.
En attendant je raconte n'importe quoi.
Je suis compliquée, toujours amoureuse, même si tout change, tout tourne, tout bouge et je voudrais arrêter ce mouvement car je ne m'y retrouve plus.
Ce soir, je suis (presque) heureuse.